Interview du 28/03/2022 : Mr Hermand 3ème adjoint au maire de la commune de Marines ( Val d'Oise).
T&T : Bonjour Mr Hermand, pouvez-vous vous présenter en quelques mots ? Quelles sont vos fonctions, vos responsabilités ?
DH : Bonjour, je m’appelle Daniel Hermand, je suis élu de la municipalité de Marines, 3ème adjoint au Maire, je suis en charge de la jeunesse, des sports, de la vie associative, de l’évènementiel et du développement numérique et ainsi que de la sécurité, suite aux dernières élections. Je fais partie de la municipalité depuis 25 ans, tout d’abord en tant que conseiller municipal, ensuite en tant qu’adjoint depuis 2 mandats.
T&T : Pouvez-vous nous parler un peu plus de votre commune, son patrimoine, ses projets ?
DH : Bien sûr, Marines est une ville d’environ 3500 habitants, qui se trouve entre Cergy et Gisors. C’est une « ville cœur » du Parc Naturel Régional du Vexin français, bien installée dans son territoire.
Elle allie l’authenticité de ses origines rurales à un dynamisme en expansion grâce aux services mis en place, aux nombreuses associations actives et aux commerces variés qui émergent de plus en plus, dans la commune.
Marines fait aussi partie du dispositif “Petites Villes de Demain” de l’ANCT, qui lui permettra ces prochaines années de renforcer son attractivité.
T&T Je voulais juste faire un petit parallèle avec notre domaine d’expertise qui est le territoire et l’alimentation… Si je vous parle d’alimentation, durabilité, transition, résilience…est-ce que ce sont des mots qui vous parlent ? Est-ce que cela veut dire quelque chose pour vous ?
DH: Ce sont des mots très importants et d’ailleurs le PNR, dont nous faisons partie, a pour vocation d’allier développement économique et préservation de l’écologie. Cela passe par la priorisation des produits locaux et la sauvegarde de la nature, notamment.
Donc oui, cela me parle beaucoup. Ce sont de vrais objectifs qui guident nos actions.
La charte du PNR nous aide aussi. En faisant partie du PNR, nous devons y souscrire et la respecter. Pour Marines, c’est un moyen de préserver ce côté convivial, rural, garder son identité, tout en amenant une modernité à la ville.
T&T : Dans votre commune vous avez mis en place des projets, des initiatives. Comment êtes-vous arrivés à ces actions ? J’imagine que c’est par rapport au PNR notamment ?
DH: Grâce au PNR, bien sûr, mais aux idées de nos équipes aussi. C’est un travail collectif entre tous, habitants, élus et agents inclus. Notre maire est dynamique, à l’écoute de ses équipes et moteur dans les projets qui vont dans le sens du respect de la nature.
A Marines, d’un côté on veut être modernes, mais d’un autre côté on souhaite garder une certaine authenticité et préserver notre environnement naturel. C’est un équilibre que nous réussissons plutôt bien à trouver.
En termes d’actions, nous en avons déjà mis en place un certain nombre. Pour protéger la biodiversité locale, à Marines, nous avons par exemple un crapaudrome qui offre une zone de sécurité sur la route pour les batraciens vivant dans nos forêts. Il est mis en place entre février et avril depuis plusieurs années et permet la sauvegarde des amphibiens pendant leur période de reproduction. Elus, agents et bénévoles se relaient pour permettre à ce système de fonctionner chaque année.
Nos écoliers bénéficient aussi de plusieurs menus bio par semaine, et nous menons plusieurs actions favorisant une gestion « verte » de nos espaces naturels.
T&T : Les démarches pour la mise en place de votre projet qui est la création du marché ont été simple vis-à-vis des habitants ? Ou même en interne ?
DH : Disons que c’est un projet de notre programme, donc si les gens ont voté pour nous, c’est qu’ils étaient d’accord, c’était une demande aussi et ce n’est pas une demande que de la commune, mais aussi de beaucoup de petits villages, de villes autour de nous. Tous maintenant ont développé un marché, alors plus ou moins grand en fonction de leur possibilité, et c’était aussi un besoin qui était nécessaire et une demande.
L’idée de marché c’est quand même l’idée de convivialité, de rencontre, d’animation aussi de notre centre bourg. A la fois on respecte le cadre du PNR, en restant dans la chartre et surtout on essaye d’amener aux gens la possibilité d’avoir, au centre de Marines, des activités, de l’animation, les avantages de la ville dans un cadre rural. Sans tomber dans des choses totalement illogiques et en respectant une certaine cohérence, en respectant l’identité de notre ville.
T&T : Ces dernières années, vous avez très certainement dû voir une évolution des attentes de vos concitoyens, surtout dû au COVID.
DH: Il y a eu ça, puis l’évolution de la façon de travailler, le télétravail notamment, ainsi qu’une nouvelle façon de faire les courses. Pendant une certaine période beaucoup de personnes commandaient à domicile, avec le COVID on a beaucoup recherché les produits locaux, les produits frais. Les personnes recherchaient tout ce qui était frais et plus près de chez soi, alors qu’avant allait plus facilement faire nos courses en voiture, on regardait moins ; peut-être parce que les gens avaient le temps, ça a dû nous aider dans notre projet.
T&T : Vous pensez que toutes les attentes ont été respectées de par la création du marché, vous avez mis en place d’autres choses ou vous pensez qu’il y a encore des choses à faire ?
DH: Les attentes au niveau du marché, je dirais que rien n’est gagné, c’est comme partout, il faut faire attention, pour l’instant je dirais que notre marché est assez actif, nous surveillons, avec Morgane, Responsable de la communication et des outils numériques dans la commune, surtout elle d’ailleurs, ce qui se passe. On essaye toujours de ramener quelque chose de nouveau, des exposants, pour pouvoir renouveler ou compléter l’offre. Créer de l’envie, avec une priorité sur le recrutement d’exposants locaux.
Pour mettre en avant ces derniers, nous travaillons sur la mise en place de dates spéciales « marché de producteurs », car ils n’ont pas forcément le même public que d’autres types d’exposants de marché. L’objectif, pas toujours facile à réaliser, est de marier les attentes des consommateurs et celles des marchands, qui n’ont pas tous les mêmes non plus.
T&T : Par rapport à la mise en place de ce marché quels ont été les freins ?
DH: Il a fallu expliquer, convaincre les plus sceptiques, sachant que c’était une demande, je dirais que oui, il faut toujours convaincre les gens. Les habitants qui l’attendaient mais qui doivent maintenant le fréquenter pour le faire vivre, les marchands qui doivent pouvoir y trouver leur compte, et parfois les commerçants de la ville car il peut y avoir la peur de la concurrence, même si ici il s’agit d’un marché hebdomadaire. Dans l’ensemble, les marinois sont assez satisfaits. Pour l’instant, les commerçants qui sont sur le marché n’ont pas l’air d’être mécontents vu qu’ils reviennent.
Il y a des commerçants qui reviennent toutes les semaines et d’autres qui, pour l’instant, ne sont là que tous les 15 jours, ou une fois par mois, ils attendent de voir l’évolution. On peut dire que ça a bien débuté, mais il faut encore un peu de temps pour savoir s’il est établi de façon pérenne. Rien n’est acquis, il faut renouveler, il faut trouver. C’est un vrai travail de fond.
Là par exemple, on a enfin trouvé un rôtisseur qui vient d’arriver, ça fonctionne, il va très certainement se faire sa clientèle maintenant et ça va nous apporter quelque chose, ça, c’est sûr. Faire monter la notoriété du marché de Marines. Il y a des choses comme ça qui sont importantes. On a quelques marchands maintenant qui font partie de l’histoire, car ils ont débuté avec nous, donc pour l’instant je dirais que ça avance doucement, mais ça avance.
Il faut surtout se poser les bonnes questions, notre objectif n’étant pas d’être un très gros marché comme celui de Gisors par exemple. On veut être un marché local, tranquille mais fourni.
Notre challenge actuellement, c’est de convaincre les artisans de notre secteur qui ont souvent leur commerce en parallèle. Ils ont leur boutique, dans leur propriété. Un marché plein vent, ça ne les intéresse pas forcément. Là il y a encore un peu de travail, mais je pense qu’il faut voir ce que ça donne aux beaux jours.
T&T : Quels peuvent ou doivent-être les prérogatives de l’élu en matière d’alimentation ?
DH: Il doit être attentif au marché, l’animation, l’organisation. Il doit être attentif aux produits que l’on met sur le marché, surtout si l’on veut faire un marché de produits frais, locaux. Il ne doit pas accepter n’importe quoi.
Dans les municipalités, il y a des gens comme Morgane qui travaillent tous les jours là-dessus. Moi en tant qu’élu je ne suis pas tous les jours sur le sujet. Je dois donc être attentif et faire attention à ce que l’on vend et ce que l’on propose. Ecouter les gens d’une façon très positive pour ne pas faire n’importe quoi. Pour cela il faut essayer dans la mesure du possible d’être présent sur le marché.
T&T : Comment gérez-vous ce marché ?
DH: Le premier contact c’est Morgane. Moi, en tant qu’élu, je discute avec elle, on a un échange qui est assez constructif, on parle assez souvent. C’est elle qui reçoit les propositions, qui gère les exposants, moi je suis là, plus en soutien. Je n’impose pas les choses. On a aussi un placier, en binôme avec nos services techniques, qui est sur place, et accueille les marchands le dimanche.
Le conseil municipal, le Maire ont un droit de regard, et heureusement, mais on en discute, on gère le marché. Cependant, je reste à ma place, je ne peux, ni veux, imposer les choses. Un élu est là pendant un certain temps bien déterminé, il n’est pas sûr qu’il soit toujours là alors que les personnes qui travaillent, qui gèrent l’activité, sont au cœur du problème. Les aider, les soutenir, c’est important et quand on a des idées, dialoguer et voir ensemble.
T&T : Quelles sont les prochaines étapes pas que par rapport au marché, mais d’une manière générale, dans votre commune, sur les sujets de transition, d’alimentation ?
DH: On veut développer la ville en maintenant un cadre agréable. On veut que les gens qui habitent ici, trouvent un maximum de choses, trouvent des équipements modernes, pratiques mais aussi des commerces locaux. Par exemple on a un chocolatier qui vient d’ouvrir et qui propose, en plus de ses confections, quelques produits d’autres artisans du coin dans sa boutique.
On essaye d’avoir une offre commerciale et artisanale qui incite les gens à consommer local, à manger des produits frais. Le gros avantage du marché, par exemple, c’est qu’on a retrouvé cette convivialité.
Les gens discutent, se sociabilisent. C’est aussi un vrai objectif, de ramener la convivialité et l’échange au cœur de notre ville.D