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Le marché, le développement des commerces et du numérique à Taverny

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Interview du 30/03/2022 Monsieur Philippe Do Amaral, Adjoint au maire de la commune de Taverny (Val d’Oise).

TDT: Pouvez-vous vous présenter en quelques mots ? Quelles sont vos fonctions, vos responsabilités ? Depuis combien de temps faites-vous partie de la municipalité ?

PDA: Je m’appelle Philippe Do AmaraL, je suis adjoint au maire (Madame Portelli) de Taverny, depuis 2020 (mandat 2020- 2026). Je ne faisais pas partie de son premier mandat. Les délégations qui m’ont été confiées sont : le commerce local, le développement économique et numérique. Ce dernier a été créé pour ce mandat, il n’existait pas avant.

Nous rencontrons un réel souci dans le numérique sur Taverny, que ce soit plutôt basique: de la connexion à la fibre au sein de la municipalité par nos administrés (nous sommes en contact avec les infrastructures qui ont installé la fibre sur la commune), jusqu’à la modernisation des outils informatiques en interne avec les services.

Concernant le commerce, nous avons une problématique, ainsi qu’un paysage commercial, assez complexe au sein de Taverny. Il existe près de 200 boutiques pour une ville de 27 000 habitants..

Aujourd’hui, les commerces sont un levier, politique, certes, mais pas seulement. Ils sont aussi ce qui fait vivre la ville et son centre. Nous avons aujourd’hui sur Taverny plusieurs centres car la ville est coupée en 2 par la voie de chemin de fer et l’ A 15, il y a donc la partie haute et la partie basse. Nous avons des enseignes nationales au niveau des portes de Taverny ainsi que le quartier Verdun où nous trouverons une boulangerie, un Carrefour Market, et sur les coteaux (donc plus dans le centre-ville) des bouchers par exemple. Notre objectif est de redynamiser le centre-ville en installant des métiers de bouche, mais de qualité. On évite d’avoir des kebabs partout par exemple, on essaie de faire de la qualité avec des porteurs de projets. C’est vraiment une volonté de madame le Maire, de la Municipalité de faire ça.

Pourquoi m’a-t-elle confié cette tâche ?

Au niveau du commerce et du développement économique, la plupart du temps, nos commerçants sont des travailleurs non-salariés, des artisans qui n’ont pas le droit au chômage et qui dépendent du RSI, même si tout est rattaché à l’URSSAF maintenant. Je suis moi-même patron de société, gérant majoritaire où j’ai le même statut. Madame Portelli s’est dit que je “ parlerai la même langue qu’eux.” Elle a eu un raisonnement logique, elle a étudié les sujets de manière à confier les délégations aux bons adjoints, il fallait vraiment que chaque délégation parle à chacun, que ça ait une cohérence.

TDT : Vous parliez d’alimentation, je voulais faire un petit parallèle avec notre domaine d’expertise, qui est justement les territoires, l’alimentation. Si je vous parle de durabilité ? Transition? Résilience ? Alimentation… ces mots vous parlent mais est-ce que vous pouvez développer un peu plus, est-ce que vous pouvez aller un peu plus loin ?

 PDA:  Le “Marché du Jour ”s’était fait connaître au niveau de la municipalité, nous avons donc décidé de travailler ensemble.  Nous sommes allés sur le terrain, voir les commerçants. Nous leur avons présenté le projet en commençant par les commerçants du marché municipal afin de leur proposer du click and collect par rapport aux marchands, aux exposants. Ensuite, j’ai demandé au Marché du Jour, d’élargir son domaine de compétences et de mettre petit à petit tous les commerçants de la ville. On souhaitait que ce soit la base de données du commerce au niveau de la ville. Aujourd’hui il existe de gros intervenants dans la livraison comme Uber Eat, Just Eat , Deliveroo etc mais le souci qui existe c’est qu’ils prennent dans les 30% !!Et là, avec une négociation avec Le Marché Du Jour, il est clair que ce n’était pas le même coût, donc une facilité pour l’administré qui va passer ses commandes à un seul endroit. Il y aura un seul paiement et il va y avoir plusieurs commandes qui sont associées à un commerçant, un artisan donc c’était vraiment un principe que je trouvais très intéressant.

TDT : Vous avez évoqué les moteurs, mais avez-vous rencontré des freins ?

PDA: Le frein principal, c’est le commerçant. Il n’est pas prêt, il est local, il est artisan. Pour lui, internet, la bulle internet et tous ces trucs Amazon entre autres c’est “du chinois”.  Il y en a même certains qui sont complètement récalcitrants à la grande distribution, qui n’y vont même pas, donc tout ça mis bout à bout…En effet, on a eu du mal et pourtant, avec Le Marché du jour, on est allé sur place. On s’est ainsi rendus compte qu’ il y a ce retour de flamme. Les commerçants s’inquiètent à coup de “ mais ça va faire de la concurrence…” Le consommateur aujourd’hui qui va être badaud et va vouloir aller sur le marché et acheter les produits de qualité est ce même consommateur qui, à certains moments de sa vie ou à certains moments de l’année ne va pas vouloir se déplacer, il va vouloir avoir la même qualité avec son artisan tout en achetant sur Internet. Enfin, alors que derrière il y a la même personne. Et ça, ils ont du mal à le comprendre encore. Pour eux c’est “Oh là là, je vais perdre le contact de mes clients”. Et pour eux, le client, il est devant eux et c’est celui-là qui importe. Je leur ai dit que ce n’était pas une concurrence et que ça allait développer leur business. Ils ont du mal à l’accepter et à le comprendre, cela peut mettre un peu de temps peut-être, mais je pense que c’est inévitable .

Avec la COVID-19  il y a vraiment un changement de consommation et on le voit même sur les seniors. Aujourd’hui, ils ont tous une tablette est et ils vont vouloir avoir toujours la petite sole du poissonnier parce qu’on en a 2 par exemple sur notre marché et c’est et ça va être Laurent et pas et pas Cédric ou inversement.

TDT: Il y a-t-il eu une évolution des attentes des concitoyens ? Que ce soit dû au Covid, ou même naturelle?

PDA: Alors, l’évolution naturelle, on y serait venu, de toute façon, sur du long terme, la COVID l’a beaucoup accéléré et a changé les habitudes de consommation, c’est à dire que jamais on aurait appelé un resto pour lui dire “je vais prendre à emporter”.  Commander dans un restaurant un repas du soir, un repas familial et ce n’était pas rentré dans les us et coutumes. Mais la COVID a accéléré et a changé brutalement nos habitudes.

TDT: Au-delà de ces actions, avez-vous mis en place d’autres choses ou pensez-vous à d’autres actions ?

PDA: Aujourd’hui, nous sommes de plus en plus renfermés. Il existe de plus en plus de moyens de communication mais, on communique de plus en plus mal ou pas du tout. Pour le moment, nous n’avons pas d’association de commerçants sur Taverny, mais il y a un commerçant qui a l’air de vouloir mettre cela en place, on va l’accompagner pour que cela aboutisse. L’association des commerçants permettrait qu’ils se réunissent, parlent et avancent ensemble. Suite à cela, on pourra travailler sur leurs présentations, ainsi que leur cv et mettre en place une web boutique de Taverny. Nous avons aussi pris un véhicule isotherme, payé par les annonceurs qui va être conduit par un agent municipal. On se pose la question de savoir si on met à disposition de l’association des commerçants ce véhicule pour qu’il puisse y avoir des livraisons ordonnées, méthodiques, par les différents commerçants. Ce serait la contribution de la ville . Ce sont des raisonnements que l’on a, mais qui ont beaucoup de mal à passer car si les principaux concernés le refusent, tout bloque. Nous nous retrouvons aussi face à d’autres contraintes qui sont les agents, car nous avons une réglementation en France qui est très lourde avec les assurances.

 

TDT: Quelles peuvent où doivent être les prérogatives de l’élu en matière d’alimentation ?

PDA: Écouter, discuter, sentir les gens, installer un climat de confiance de manière à ce que les gens puissent se confier. Cela n’est pas forcément évident lorsque l’on s’annonce comme adjoint au maire. Avec ce statut, le fait d’être élu, on est on est officier de police judiciaire, on fait des mariages, il y a les chartes donc ça dégage une espèce de très gros sérieux mais ce que je veux c’est qu’en effet, une fois passé cette phase ils se sentent en confiance. Ils ont tous mon numéro de portable, ils peuvent m’appeler à tout moment, vraiment et j’essaye au maximum d’être disponible . C’est écouter, discuter lorsqu’ils ont une problématique, c’est leur donner le courage de remonter l’info. Il faut vraiment créer ce climat de confiance et d’échanges pour avancer ensemble. 

Pour conclure, je peux dire que mon rôle d’adjoint est d’essayer de filtrer au maximum et d’apporter un vrai support aux commerçantsM

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