Dans le cadre de l’observatoire sur le rôle et l’engagement des communes pour le climat, nous avons eu l’occasion d’interviewer M. Dominique DUFUMIER, délégué à la transition écologique, à l’environnement et au droit des sols de Fosses le janvier 2022.
Terre de Territoires : De quelles manières pensez-vous que les communes sont concernées par le changement climatique ? Ont-elles selon vous un rôle à jouer ? Lequel ?
M. Dominique DUFUMIER : Il est vrai que la prise en compte du changement climatique n’est pas toujours prioritaire pour les communes, notamment en raison de contraintes budgétaires et de la nécessité de fournir des services à la population. Les actions menées par les communes pour l’adaptation au changement climatique interviennent généralement pour traiter une conséquence à court terme.
Il est important que les communes commencent à prendre des mesures de prévention plutôt que de simplement réagir aux conséquences du changement climatique. Cela peut inclure des stratégies d’adaptation telles que la construction de bâtiments plus résilients, la mise en place de plans de gestion des risques naturels, ou encore la promotion de modes de transport durables pour réduire les émissions de gaz à effet de serre.
Il est encourageant de voir que l’état d’esprit évolue et que de plus en plus de personnes prennent conscience de l’importance de l’adaptation au changement climatique. Cependant, il est nécessaire de continuer à encourager les communes à mettre en place des mesures de prévention efficaces pour minimiser les conséquences à long terme du changement climatique.
Terre de Territoires : Quelle est votre perception de la prise de conscience et de la compréhension des élus, des responsables en mairie, des habitants ou des entreprises à propos des conséquences du changement climatique ?
M. Dominique DUFUMIER : La prise de conscience des élus est bien présente. Cependant il y a toujours un rapport entre le coût et la mesure qu’il est nécessaire de prendre en compte. Fosses est une commune qui possède peu de ressources propres puisqu’elle ne possède pas de zones d’activités. Il y a une véritable contrainte financière.
Terre de Territoires : Quels sont vos engagements ou les actions de la commune en rapport avec le changement climatique ?
M. Dominique DUFUMIER :
- Rénovation urbaine
- Gestion des demandes de stationnement en évitant d’imperméabiliser le territoire
- Plan vélo, voies vertes
- Extinctions nocturnes de l’éclairage des voiries
- Rénovation la plus écologique possible du stade de foot
Terre de Territoires : Pensez-vous nécessaire de consacrer une partie de votre budget à des actions pour le climat ?
M. Dominique DUFUMIER : Oui, mais difficile à mettre en œuvre dans un contexte budgétaire où l’épargne nette n’est pas suffisante.
Terre de Territoires : La commune dispose-t-elle d’indicateurs pour mesurer ses actions en faveur du climat ?
Dominique DUFUMIER : Nous ne disposons pas d’indicateurs de suivis de notre impact environnemental hormis les indicateurs lié au plan de sobriété énergétique. Il s’agit par exemple du suivi de la température dans les établissements publics et du taux d’équipement de la commune en candélabres basse consommation.
En effet, la mise en place d’indicateurs pour mesurer la réduction des émissions de gaz à effet de serre est un élément clé de la transition vers une économie à faible émission de carbone et la lutte contre le changement climatique. Cependant, il est important de trouver un équilibre entre l’importance des indicateurs et les ressources disponibles pour les créer et les maintenir.
Terre de Territoires : L’articulation entre vos actions en faveur du climat et les orientations stratégiques des autres échelons territoriaux (intercommunalité, département, région, …) fonctionne-t-elle ?
M. Dominique DUFUMIER : Il y a beaucoup de réunions et de temps consacré à la coordination entre différentes institutions et niveaux de gouvernance pour élaborer des plans et stratégies en matière de développement durable. Il y a une certaine complémentarité entre les plans de notre commune et ceux de l’intercommunalité. Nous avons récemment développé un plan de mobilité vélo dans la commune qui se raccorde parfaitement à la stratégie cyclable de l’intercommunalité et du conseil départemental. Toutefois, la coordination entre les différents échelons territoriaux n’est pas simple car elle demande beaucoup de temps et d’énergie de la part des élus.
Terre de Territoires : Rencontrez-vous des difficultés dans la définition, délibération, mise en œuvre de vos actions en faveur du climat ? Si oui, de quel type de contrainte s’agit-il (économique, climatique, institutionnel, humaine) ?
M. Dominique DUFUMIER : La principale contrainte de Fosses est budgétaire. Nous rencontrons beaucoup de difficultés au niveau du budget de fonctionnement, ce qui nous a d’ailleurs amené à réduire drastiquement les dépenses en personnel depuis une dizaine d’années. Nous avons beaucoup réduit le personnel administratif et la majorité de nos agents sont essentiellement sur le terrain.
Les mesures nécessaires en matière de changement climatique, risquent de demander du travail supplémentaire que nous ne sommes pas en mesure de fournir.
Terre de Territoires : Les freins ont-ils été analysés et gérés tout au long de la mise en œuvre ?
M. Dominique DUFUMIER : Je pense par exemple au cimetière où nous avons anticipé la suppression des produits pesticides depuis 3-4 ans. Avant cette réglementation, nous utilisions un produit à très large spectre pour tuer les mauvaises herbes. Cependant, cette mesure présente aujourd’hui des contraintes car le zéro-phyto nécessite un entretien plus important des cimetières. Les agents d’entretiens doivent repasser plus régulièrement sur les cimetières et se plaignent beaucoup de maux de dos dû à la posture de travail. Dans ce genre de situation, nous évitons de rajouter des contraintes de travails supplémentaires. Pour résoudre le problème, nous avons décidé d’enherber les allées du cimetière
sauf les allées principales qui restent imperméabilisées pour permettre aux véhicules des entreprises funéraires de pouvoir circuler.
Terre de Territoires : Quel est le niveau de sensibilisation, de compréhension et de participation des habitants dans les actions en faveur du climat dans votre commune ?
M. Dominique DUFUMIER : Au niveau de la participation citoyenne, nous organisons assez régulièrement des réunions de quartiers durant lesquels nous informons les habitants des projets en cours sur la commune et recueillons leurs suggestions. Cependant, ces réunions ne sont pas spécifiquement liées à la stratégie climat de la commune. Nous procédons aussi souvent à des réunions de résolution de problèmes avec les habitants sur des périmètres plus restreints.
C’est le cas, du stationnement. Les familles aujourd’hui possèdent souvent plus de 2 voitures par ménage ce qui engendre des difficultés de stationnement récurrent. Une importante part de la population demande des places de stationnement supplémentaire. Ce qui va à l’encontre de notre politique de préservation des espaces verts et d’encouragement à l’utilisation des transports en communs et des mobilités douces. Nous ne souhaitons pas que la ville ressemble à un énorme parking. Par ailleurs, d’autres habitants sont également contre la création d’espaces de stationnement et souhaitent préserver les espaces verts ainsi que les zones de circulation apaisée pour piétons et vélos. Il est difficile de satisfaire tout le monde et c’est pour cette raison que nous agissons au cas par cas, en gardant à l’esprit la nécessité de sobriété et de préservation du cadre de vie